Qu’est-ce qu’un PEI ? Pourquoi est-il indispensable pour un suivi rigoureux ?
Lors d’une prise de contact professionnel-famille, des attentes sont exprimées et le professionnel cible et verrouille les axes développementaux qu’il visera à faire évoluer.
Par exemple la famille demande à ce que l’enfant commence à demander verbalement des objets, et le professionnel aura alors comme objectif “Mettre en place une transition entre la communication non-verbale et verbale“.
Pour ce faire, il mettra en place toute une stratégie, basée sur ses connaissances théoriques et en accord avec les recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de Santé.
Sur notre exemple ; on pourrait imaginer le découpage suivant :
- vérifier dans un premier temps si l’enfant va prêter “correctement” attention à notre présence et aux interactions souhaitées
- s’assurer qu’un travail structuré (séances régulières) soit possible et si non : mettre ceci en place
- évaluer sa communication actuelle (autant sur le non-verbal que sur les compétences orales)
- proposer une stratégie développementale axée communication orale
Comment élaborer le Projet ?
Sur une structure encore brute on aurait donc :
- Évaluer voire développer l’attention conjointe et les moments de partage
- réalisation de consignes simples (motricité / proprioception / tours de rôle)
- évaluer les compétences motrices
- solliciter et développer les compétences imitatives (motricité globale / motricité fine / motricité orale)
- évaluer la qualité du contact visuel
- réalisation de consignes simples (motricité / proprioception / tours de rôle)
- Évaluer voire développer l’acceptation d’un cadre structuré
- utilisation d’un “carton d’activité”
- utilisation d’un Time-timer
- savoir rester à table ; au bureau
- améliorer la disponibilité cognitive et le temps de travail
- Mettre en place un environnement prévisible, stable et rassurant
- co-création d’un emploi du temps visuel (méthode TEACCH)
- mise en place et explications
- participation active de la famille : prévoir une séance de guidance parentale
- Évaluer et développer la communication non-verbale
- évaluations
- mise en place ou développement de la méthode PECS et/ou Makaton
- personnalisations en co-construction de ses items et pictos
- stratégies de diminution des instrumentalisations de l’adulte (prévoir une séance de guidance parentale)
- Évaluer et développer les productions orales
- évaluations
- pratique régulière d’une gymnastique phonatoire
- travail phonatoire ciblé et spécifique
- décomposition des sons avec méthode Borel-Maisonny
- initiation de travails autour des voyelles / consonnes nasales / consonnes fricatives / consonnes occlusives
- associations consonnes-voyelles pour premiers phonèmes
- associations des premiers phonèmes pour premiers mots
- associations de mots pour premières phrases simples
- Mettre en place un travail spécifique aux évolutions observées => nouveau PEI
Le Projet Éducatif Individualisé doit être expliqué en détail, et être soumis à l’accord de la personne qui est venu vous solliciter.
Chez Paré pour l’Autisme ® nous remettons aux familles un dossier de prise en charge, composé de :
- le PEI complet, daté, signé et expliqué
- les annexes qui le constituent (grilles de cotations / fiches d’activités / schémas de stratégies / etc. …)
- devis & facture(s)
- contrat d’engagement (PREMIUMS Pros : venez récupérer nos modèles rédigés par cabinet d’avocats)
- un accès numérique à votre dossier de prise en charge (mis à jour sur Google Drive)
À quoi ressemble le produit fini ?
Comment décider des axes de travail ?
Les axes de travail vont définir l’orientation de la prise en charge ; le contenu des séances et les raisons de notre présence et interventions.
On pourrait facilement comparer nos axes du PEI aux fondations d’une maison : tout repose dessus !
Soigner la prise de contact et les éléments récupérés (en rendez-vous physiques comme téléphoniques)
Une erreur courante est de vous contenter de recevoir trop passivement la sollicitation qui vous est adressée. Votre écoute doit certes être totale et bienveillante, mais vous devez également avoir à l’esprit que c’est à vous de poser le cadre de la conversation.
Pour aider les familles qui font appel à vous, il vous faudra disposer de certaines informations minimales (en plus du discours explicatif commun).
Selon moi, les éléments suivants sont à récupérer en rdv 1 :
- qui vous a contacté et quel est son lien avec la personne à prendre en charge ? (parent le plus souvent mais à définir ET récupérer coordonnées téléphoniques & mail : important pour l’envoi du dossier de prise en charge)
- informations sur la personne à prendre en charge : prénom / âge / parcours / difficultés spécifiques
- le discours explicatif : qu’est-ce qui a amené la personne à vous solliciter ? quelles sont ses attentes ? ses doutes ? (noter les éléments racontés et éventuellement si formé les éléments métalinguistiques)
- informations sur la prise en charge elle-même : secteur géographique / volume horaire hebdomadaire souhaité (compatible avec le Projet ?) / créneaux disponibles (demandez l’ensemble de ses temps libres et vous statuerez plus tard) / type de financement (dépendant des aides MDPH ? autonome ? mixte ? en CESU ; virement..?) / type de prestation recherchée (guidance parentale ? consultation ? domicile ?)
- les attentes et la demande sont-elles en cohérence avec vos prestations et compétences ? le prix est-il clairement défini avant de commencer quoi que ce soit, et cela convient-il pour du suivi à long terme ?
Le PEI doit être en adéquation avec le profil et le volume horaire prévu
Lorsque vous récupérez les éléments de la demande, profitez-en pour glaner des informations concernant le profil de la personne concernée par la prise en charge (et idéalement demandez s’il vous est possible d’accéder à des évaluations disponibles, les plus récentes vous intéresseront particulièrement).
Avec de l’expérience (ou peut-être déjà actuellement le cas), lorsque la famille exprime ses attentes, votre professionnalisme traduit instantanément la demande en axes développementaux et le PEI s’amorce alors et s’élabore au fur et à mesure de la conversation.
Vous devriez donc visualiser les axes et sous-axes à y introduire, ainsi que les prérequis nécessaires à ce travail (si ça n’est pas le cas pas d’inquiétude ; cette procédure automatique s’acquiert avec le temps et l’expérience ; en attendant vous vous retrouvez au même résultat une fois votre PEI sur papier).
Si les prérequis sont verrouillés (évaluations ou preuves orales supposées à l’appui), alors il ne vous restera qu’à estimer la fréquence nécessaire au bon développement de votre PEI (sinon il faudra ajouter aux heures hebdomadaires un petit plus pour acquérir les compétences nécessaires au démarrage du Projet).
Reprenons notre exemple : la demande concernait les verbalisations et nous avions mis en place le PEI ci-dessus
On pourrait s’appuyer d’un travail récent d’évaluation de l’orthophoniste et s’épargner de passer du temps à “évaluer la communication non-verbale” et “évaluer les productions orales”. De même, un bilan de ses éventuelles séances précédentes pourrait nous aiguiller quant à ses capacités attentionnelles ou à son acceptation au travail structuré (et aussi savoir sur combien de temps il maintien une attention propice au travail).
Cet ensemble d’éléments est un outil utile et penser à y consacrer quelques minutes en entretien peut nous éviter des semaines d’évaluations ou de travail facultatif (d’autant que dans les premières séances se joue la relation thérapeutique : un travail mal orienté et peu optimal peut détériorer cette relation naissante).
Une fois tout cela en votre possession et le PEI au moins approximativement élaboré, vous devriez pouvoir estimer de quel volume horaire vous auriez besoin hebdomadairement pour développer dans un temps relativement acceptable les compétences ciblées.
Ainsi, si la demande quant à la fréquence des séances n’est pas en adéquation avec cette estimation : vous devriez soit convaincre la famille de vous accorder plus de temps, soit refuser telle quelle la prise en charge ou à minima revoir les axes du PEI. Tout cela se coconstruit avec la famille : ne prenez pas hâtivement de décision unilatérale !
Pour autant : n’acceptez pas une demande qui mettrait votre professionnalisme, votre crédibilité et votre conviction à défaut.
L'importance du PEI évolutif
A ce stade, votre PEI est donc rédigé et élaboré en fonction du discours et des attentes / demandes de la famille.
Pour autant : est-il le plus judicieux pour favoriser le bon développement cognitif/comportemental/social/communicatif de la personne prise en charge ?
Vous devez avoir à l’esprit que le PEI que vous venez d’élaborer a été construit sans aucune base observationnelle de votre part (dans le meilleur des cas vous disposez d’évaluations d’autrui sur lesquelles vous pourrez vous reposer, mais il vous faudra confirmer ou infirmer les interprétations des ces évaluations ; de même, une mise à jour des compétences s’impose peut-être : progressions / régressions ?).
Il est donc essentiel de convenir d’un délai pour lequel vous réactualiserez (ou non si finalement pertinent) les axes développementaux.
Ce n’est qu’avec cette rigueur que vous serez en mesure de mettre à disposition votre expertise dans un cadre optimal aux réussites, ou tout du moins au bon déroulé de vos prises en charge.
Pensez donc à rédiger (lorsque le moment sera venu) votre PEI version 2, plus fidèle à VOS interprétations, observations, analyses et évaluations de la personne prise en charge.
Il devra bien sûr suivre les attentes et demandes initiales, mais être plus affiné et individualisé.
Là encore, sa mise en place devra faire suite à accord de la famille après explications et présentation complète.