L’absence d’outils communicatifs place l’enfant dans une grande frustration à ne pouvoir communiquer avec son entourage : des transitions vers la communication verbale existent (méthode PECS par exemple : PICTURE EXCHANGE COMMUNICATION SYSTEM)

Ici un lien pour aller plus loin sur les aspects protocolaires de cet outil.

Mettre en place le Carnet de demandes pour une communication adaptée

Mettre en place l’utilisation d’un carnet de demandes de type PECS peut s’avérer très utile, voire quasi-indispensable dans certaines circonstances.

En effet, dès le plus jeune âge, un bon nombre de ce que vous percevez comme des “crises” est très souvent l’expression de sa frustration à ne pas pouvoir communiquer comme il le voudrait. Le manque d’outils communicatifs génère de réelles frustrations qui s’expriment sous différentes formes (auto-agressivité ou hétéro-agressivité, colères et passages à l’acte … les manifestations sont très variées). Plus concrètement, l’enfant n’est pas compris et exprime sa frustration de manière inadaptée (jeter/casser des objets, se jeter par terre en criant, se cogner …) (il se sert dès qu’il veut quelque chose et ne tolère pas le refus et les contraintes).

Il convient donc de disposer (en attendant la communication verbale, que je vous invite à chercher à développer en consultant la section Productions sonores et communication verbale) d’outils de communication de secours qui lui soient accessibles et facilement compris (nous vous proposons ici la méthode PECS)

Il vous servira à encourager la communication de l’enfant/l’utilisateur par un support visuel de stockage d’images ou représentations symboliques.

Il vous permettra également de faire la transition entre une communication non-verbale et une communication verbale.

Le carnet de demandes de type PECS peut aussi être utilisé pour encourager des demandes et favoriser l’interaction (entre autres avantages).

PECS : construire le Carnet de demandes et communications

Vous pouvez facilement fabriquer ce carnet de communication à l’aide :

  • d’un classeur petit format (de préférence souple : beaucoup plus pratique)
  • d’intercalaires
  • de velcros adhésifs
  • d’une plastifieuse
  • d’une bonne paire de ciseaux

Son utilisation doit être simplifiée et adaptée à son utilisateur, c’est-à-dire que pour débuter, il vous sera conseillé de limiter le nombre d’images/pictos présent(e)s.

Nous vous conseillons d’en prévoir un pour vous, grand format (A4), afin de stocker l’ensemble des images/pictos qui pourraient lui servir (prévus sur son évolution).

PECS : carnet des demandes communication
Le carnet des demandes type PECS
PECS : intérieur carnet demandes communication
Intérieur du carnet de demandes type PECS

Vous devez donc lui fournir un stock non-exhaustif et limité de pictos (Milmo, Makaton ou autres) ou d’images (photos réelles) ; et vous assurer qu’il fasse le lien entre référent et référé (sa représentation symbolique).

Vous pouvez également visiter les sites suivants pour récupérer des pictogrammes et supports visuels gratuits :

Développer l’utilisation du carnet de demandes :

De manière spontanée :

A chaque fois qu’il veut quelque chose, proposez lui le carnet de demandes type PECS et guidez le sur le bon picto jusqu’à tenir le picto dans votre main, que vous échangerez avec l’objet réel (gardez toujours en tête les conditions de réussites : ici –> aller chercher le carnet de demandes / trouver le bon picto / le tendre correctement).

Toutes les occasions sont donc bonnes pour l’exercice car il est important de ritualiser ce comportement [“quand je veux quelque chose, il me suffit d’en faire la demande correcte et j’obtiens ce que je voulais”] :

  • les petits-déjeuners
  • les goûters
  • les desserts (compotes, yaourts …)
  • à des moments improvisés …

Sur cette période donc, vous allez devoir minimiser les refus afin de renforcer le comportement recherché.

Voyons néanmoins la manière de lui exprimer votre refus :

—> attendez qu’il termine de faire sa demande de manière correcte, quitte à le guider jusqu’au bout même si vous savez d’avance que votre réponse sera négative, et faites lui savoir que vous avez parfaitement compris sa demande (par votre comportement et une verbalisation du type “tu veux le bonbon ! tu l’as bien demandé, j’ai compris mais c’est Non ; je ne te donne pas de bonbon, Non !“).

Si il insiste (ce qui est très probable les premières fois), vous devez gardez le même ton et verbaliser de manière brève la raison de votre refus (par exemple : “Non, tu as mangé 2 bonbons déjà, alors Non, c’est fini !” ou encore “Non, on va manger des pâtes bientôt alors Non, pas maintenant” …).

Très souvent, lorsque l’enfant est confronté à cette situation de demande comprise mais rejetée, il pense que votre réponse concerne aussi toutes ses futures demandes sur l’objet, et donc il n’accepte pas trop votre refus [“elle ne veut plus que j’ai de bonbons, je n’en mangerai plus jamais”]

Attention ; il peut très bien aussi ne pas accepter votre refus car il est frustré de ne pas assouvir ses envies (d’une manière générale il ne faut pas confondre incompréhensions et caprices ! avec le temps et l’expérience vous ferez la différence)

Le picto “Aide-moi” :

C’est maintenant le bon moment pour ne plus être instrumentalisé(e) par votre enfant : jusqu’à présent il ne savait pas communiquer ses envies, besoins, demandes ; et “se servait” de vous en tant qu’outil à certaines occasions (par exemple prendre votre main pour saisir quelque chose d’inaccessible / utiliser votre doigt sur votre téléphone pour vous faire comprendre qu’il veut que vous le déverrouilliez …). 

Ce type de relation n’est pas acceptable (même si ça ne vous dérange pas tant que ça, ou que comme ça, vous le compreniez très bien) et perdurer ainsi ne lui rend pas du tout service. 

Toutefois évidemment, nous ne voulons pas briser les sollicitations ; bien au contraire, nous allons les encourager et renforcer leurs apparitions.

Pour cela, gardez à portée de main le picto Aide-moi, (dans votre poche / sac …) et proposez le lui chaque fois où il manifeste avoir besoin de vous (lorsqu’il met ses chaussures et exige que vous lui fassiez ses lacets / lorsqu’il utilise votre main pour prendre quelque chose du placard du haut …).

Entre autres choses se joue ici quelque chose d’essentiel : “j’ai grand intérêt à interagir avec mon entourage”.

Progressivement lorsque l’utilisation de ce picto est ritualisée et courante, encouragez le à utiliser celui dans son carnet de demandes. 

Le carnet des parents / intervenants :

Vous devez vous munir de votre propre carnet de pictos de type PECS ; il vous servira à faire à votre tour, des demandes à votre enfant (et pour ne rien oublier, utilisez un Flexibook, voir plus loin)

Votre carnet de type PECS doit se présenter de la même forme que celui de votre enfant :

  • votre photo en haut à droite
  • l’inscription “Carnet de maman / de papa / de maman & papa” …
  • la bande de scratch équipée de la mention “je veux …” & “tu dois …”
  • la bande de scratch équipée du picto Stop c’est fini

Il vous servira à formuler de manière non-verbale, mais compréhensives et accessibles, vos demandes / attentes du type :

tu dois … jeter le papier à la poubelle” (picto jeter à la poubelle) ou encore “je veux … un bisou” (picto bisou) …

Concernant la ligne de scratch Stop c’est fini, vous devez lui apprendre à s’en servir afin de lui donner la possibilité de vous refuser des demandes, et donc lui apprendre une manière convenable de vous dire non (sans colère, violence, ou moyen socialement inacceptable). Vous allez apprendre comment dans les lignes qui suivent.

Démarrez par un apprentissage classique, en prenant devant lui le picto d’une demande simple (déjà réussie au préalable), qui demande peu d’efforts et de contrariété de sa part (par exemple Mains sur les épaules). A la réalisation, laissez le carnet à sa portée et félicitez le comme il se doit à la réussite puis retirer le picto. 

Procédez de la même manière pour plusieurs demandes, afin de lui permettre de généraliser l’utilisation de ce carnet.

Une fois que votre enfant devient coutumier de cette pratique, commencez à lui faire des demandes répétées (par exemple Mains sur les épaules, puis rangez le picto comme d’habitude, et refaites la même demande quelques secondes après -> répétez cette démarche 4 fois).

De même, lorsque votre enfant devient coutumier de cette pratique là, répétez une demande répétée jusqu’à l’agacement, et aux premiers signes de mécontentement (râle, mime les pleurs, jette votre carnet par terre, tente de vous taper …), prenez sa main et faites lui décrocher le picto, puis toujours avec sa main et le picto dans la votre, scratchez le dans la ligne Stop c’est fini. Vous devez maintenant en verbaliser les conséquences : “Tu ne veux plus mettre les mains sur les épaules, c’est fini ? D’accord c’est Oui, c’est fini on arrête ça“. Répétez régulièrement cette pratique et encouragez le à l’exécuter de manière autonome et spontanée.

Lorsqu’il aura acquis et rodé ce comportement, il est fort probable (et même rassurant) qu’il l’applique à sa guise : lorsque vous lui demandez de ranger par exemple, d’aller brosser ses dents, ou d’une manière générale d’exécuter une tâche désagréable. Vous devez donc à présent lui exprimer votre rejet du refus ; procédez comme pour “Tu ne veux plus mettre les mains sur les épaules, c’est fini ? D’accord c’est Oui, c’est fini on arrête ça” mais en version négative “J’ai bien compris mais non, tu DOIS mettre tes mains sur les épaules / te brosser les dents

Le Flexibook :

Il n’est en rien indispensable mais néanmoins selon moi très utile !

Munissez-vous d’un tout petit cahier flexible (que l’on appelle flexibook dans le commerce) pour pouvoir y noter rapidement vos pensées, idées, suggestions d’évolution d’une activité … (l’utilisation est très personnelle et variée) au cours de vos journées, de vos séances de travail avec l’enfant.

Son rôle n’est plus ni moins celui d’un pense-bête : dans la précipitation ou dans l’action, vos bonnes idées peuvent facilement ne pas se fixer en mémoire.

Si vous êtes plutôt numérique, votre téléphone fera tout aussi bien l’affaire.

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