Vous le comprendrez facilement ; il s’agit là d’une section extrêmement sensible et délicate à aborder, mais s’empêcher d’affronter le thème de la sexualité par auto-censure ou peur du tabou ne fait que freiner la diffusion et l’accès à des informations indispensables.
Il n’est pas rare de faire le constat que dans l’Autisme, l’ensemble de “l’éducation sexuelle” (dans le sens d’une transmission d’informations, de valeurs, de recommandations) se voit condamnée à une absence quasi-totale de supports et explications accessibles.
Sexualité : des connaissances indispensables
Pourtant ; ce manque de connaissances conduira systématiquement à des comportements inadaptés, naïfs et vulnérables ou excessifs et problématiques, sur lesquels il nous faudra intervenir de manière (parfois) trop tardive pour une régulation optimale.
Evincer la sexualité du parcours ne sera toujours qu’illusoire :
Apporter un dialogue adapté concernant la sexualité en amont me paraît donc être la solution la plus censée et respectueuse pour un enfant/adolescent/adulte qui pose souvent moins de questions que les neurotypiques, et dont certains niveaux de compréhension sont trop souvent déficitaires (notamment dans la sphère sociale). Certaines fois, des difficultés sensorielles viennent également s’ajouter.
En effet, si l’enfant/adolescent/adulte se sent contraint de masquer ou refouler l’apparition de désirs liés à la sexualité (qu’il s’agisse de stimulations sensorielles ; sensualités ou encore de recherches d’actes sexuels) ; cela le conduira très souvent à une rupture de dialogue, d’explications adaptées ou de développement de connaissances saines et bénéfiques.
Néanmoins, les informations préventives qui pourraient émaner d’un dialogue ou de séances “d’éducation sexuelle” (telle que définie précédemment) favoriseront les réactions les plus adéquates et socialement acceptables ; c’est ce que tend à viser cette section du site.
Soyez rassurés si besoin est : la littérature scientifique ne relève aucune corrélation positive entre la quantité d’informations apportée aux enfants/adolescents/adultes cibles d’une éducation sexuelle et un éventuel appétit sexuel démesuré (qui grandirait au cours du développement de ses nouvelles connaissances). A l’inverse, plusieurs publications tendent à souligner le lien entre comportements déviants (vulnérabilité par méconnaissance de la notion de consentement / comportements sexuels excessifs / non-respect des notions d’intimité / troubles anxieux concernant la proprioception et le corps d’autrui) et l’ignorance de connaissances basiques.
Nous avons donc tout intérêt à veiller à ce qu’un apprentissage adapté, constructif, respectueux et bienveillant soit réalisé dans des termes ou expressions accessibles et compréhensibles.
Préambule : un premier point sur Autisme et relations amicales
Les personnes autistes peuvent avoir des difficultés à établir et à maintenir des relations sociales, ce qui peut rendre difficile pour eux de nouer des amitiés.
Cependant, il est important de se rappeler que les personnes autistes sont tout à fait capables de développer des relations amicales, même si elles peuvent rencontrer des difficultés à établir et à maintenir des relations amicales à cause des difficultés de compréhension des sous-entendus et des nuances des conversations normales.
Les personnes autistes présentent également des difficultés à lire les signaux sociaux, ce qui peut les rendre mal à l’aise dans les situations sociales ; des difficultés à se connecter visuellement avec leurs amis.
Un travail de remédiation cognitive ainsi qu’une thérapie cognitivo-comportementale sont de bons outils pour ce type d’apprentissages ; en complément d’une intégration à un groupe d’habiletés sociales dans l’idéal. (contactez-nous pour ce type de prestation)
Par ailleurs et en complément, il existe de nombreuses communautés en ligne qui peuvent aider à se connecter avec des amis qui partagent les mêmes intérêts et à s’appuyer mutuellement.
Sensibiliser les amis, la famille et les collègues aux particularités de l’autisme et à la manière dont cela peut affecter les relations amicales.
Cela permettra de créer une atmosphère plus inclusive et plus compréhensive. L’entourage pourra alors apprendre à mieux comprendre et à mieux soutenir leurs proches touchés par l’autisme, mais aussi à mieux interagir.
Les personnes autistes peuvent se sentir plus à l’aise et plus acceptées si leurs proches prennent le temps de s’informer et de comprendre comment ce trouble peut affecter leurs relations.
Concrètement on pourrait commencer par une explication claire et détaillée des caractéristiques spécifiques à l’autisme et des manières dont ces caractéristiques peuvent affecter les interactions ; suivi d’un temps de questions-réponses ; de moments dédiés à réguler les interactions en proposant des attitudes et discours plus adaptés aux difficultés rencontrées, ainsi que des moyens concrets pour les soutenir.
Cet ensemble de processus actifs favorisera l’inclusion, le sentiment d’égalité et de respect des différences et difficultés et optimisera le bon déroulé d’une (et plusieurs) relation amicale stable et saine.
Au quotidien vous pouvez, en fonction des intérêts spécifiques, imaginer provoquer une ou plusieurs des situations suivantes (dans l’idée toujours de favoriser une ou plusieurs relations amicales) :
- des ateliers de cuisine en groupe : permettent de discuter / comparer des goûts ; des odeurs ; des préférences
- des activités sportives collectives
- par le biais d’associations spécialisées (organisation de café ou autres)
- des activités artistiques et culturelles (en ciblant certains points d’intérêts)
- des groupes d’habiletés sociales
- des clubs de jeux de rôles
Il ne s’agit ici que de quelques suggestions, pour vous en faire saisir l’idée ; les réseaux sociaux peuvent également être une entrée en matière (ne négligez aucun support).
Là encore ; notre équipe peut soutenir et développer de manière personnalisée ce type de Projet
Toute une large section de notre site a été consacrée au développement des habiletés sociales et personnelles.
Nous y avons développé :
- les habiletés de communication
- les habiletés à s’affirmer
- les habiletés personnelles
- les habiletés interpersonnelles
- les habiletés utiles dans un contexte d’apprentissage*
- les habiletés sous-jacentes complémentaires
Je vous propose donc de vous rendre ICI pour développer ces notions
C’est ici le rôle et les compétences d’un psychologue spécialisé TSA ; faites appel à un professionnel pour ce type d’évaluations : tests standardisés / évaluation de la confiance ; du niveau de confort … / entrevues avec la personne et ses proches / observations directes des relations sociales et comportements / …
Autisme & Sexualité :
Les personnes autistes présentent plusieurs difficultés conduisant à des problèmes en lien avec leur sexualité ; telles que avoir du mal à comprendre et à exprimer leurs besoins et leurs sentiments, ce qui peut les rendre vulnérables aux abus et à l’exploitation ; avoir des difficultés à interpréter les signaux sociaux ou encore avoir des difficultés à comprendre le langage corporel et à reconnaître les signaux d’intimité, ce qui peut les empêcher de faire des choix sains et sécuritaires.
Enfin, la non-compréhension des normes sociales et juridiques liées au sexe et à la sexualité, peut conduire à un non-respect voire une entrave du consentement d’autrui, et avoir de graves conséquences.
Ne négligeons donc pas l’importance d’une éducation adaptée !
Les difficultés à prendre en compte :
Difficultés à comprendre les codes sociaux
L’autisme est un trouble du développement qui affecte la capacité d’une personne à interagir et à communiquer avec les autres. Les personnes atteintes de ce trouble ont des difficultés à comprendre les subtilités des codes sociaux, ce qui peut les rendre vulnérables à l’exclusion sociale et à l’intimidation.
Les codes sociaux sont des règles implicites qui régissent les comportements et les interactions entre les membres d’une communauté. Ils sont basés sur des valeurs culturelles, des normes sociales et des tabous. Ces codes déterminent le comportement approprié et inapproprié, et peuvent inclure des signes non verbaux tels que le contact visuel, le ton et le volume de la voix, et les gestes.
Or, on sait par la littérature scientifique que l’autisme génère fréquemment des difficultés à percevoir ces codes sociaux, ce qui provoque des difficultés dans les interactions sociales. La plupart des personnes autistes ne comprennent pas les signes non verbaux, ce qui rend plus difficile pour elles d’interpréter les intentions et les sentiments des autres. Elles ont également du mal à comprendre les nuances des conversations et à réagir de manière appropriée.
Les difficultés à comprendre les codes sociaux peuvent entraîner des problèmes tels que l’intimidation et l’exclusion sociale sans être en mesure de répondre aux comportements inadaptés.
L’exclusion arrive aussi par le manque de compréhension des subtilités des interactions sociales.
Heureusement, il existe des moyens de surmonter ces difficultés par un travail d’apprentissage adapté, le soutien des parents et des amis étant également importants pour se sentir plus à l’aise dans les situations sociales.
En complément, les groupes de soutien peuvent fournir des informations et une communauté, pour aider à naviguer dans les interactions sociales.
Difficultés à établir des relations interpersonnelles
Les personnes autistes peuvent éprouver des difficultés à comprendre les subtilités sociales et à se connecter avec les autres en ayant tendance à voir les relations sociales comme plus compliquées que les autres. Les signaux sociaux et les expressions faciales sont perçues comme difficiles à comprendre, ce qui peut empêcher de répondre aux attentes sociales.
Elles peuvent avoir du mal à comprendre et à reconnaître les émotions des autres et à les exprimer, tout comme interpréter et répondre aux commentaires.
Ces difficultés à établir des relations interpersonnelles peuvent avoir des conséquences négatives importantes pour les personnes autistes. Elles peuvent se sentir isolées et exclues des groupes sociaux, ce qui peut entraîner des sentiments de rejet et de désespoir (pouvant conduire à des états dépressifs). De même, le maintien des amitiés durables n’est pas choses aisée.
Les thérapies comportementales et cognitives peuvent aider à mieux comprendre les subtilités sociales et à se connecter avec les autres, à développer des compétences sociales et à apprendre à mettre en œuvre des stratégies pour améliorer les relations interpersonnelles.
Difficultés à comprendre les émotions et les sentiments
Reconnaître les émotions et les sentiments des autres est une difficulté majeure dans les TSA.
Par exemple, ils peuvent fréquemment ne pas comprendre pourquoi quelqu’un est triste ou heureux, ou ne pas savoir comment répondre correctement à ce type de situation ; ce qui les fait paraître comme socialement maladroits au mieux.
Les personnes autistes peuvent avoir des difficultés à identifier les expressions faciales (lien avec les neurones miroirs F5), à reconnaître les nuances du langage corporel et à déterminer comment leur comportement affecte les autres.
De même, reconnaître ses propres émotions et sentiments et les exprimer de manière adaptée pose quelques fois problème.
Là encore, une prise en charge adaptée est la meilleure des réponses et solution à apporter
Difficultés à exprimer ses sentiments
Ces difficultés sont dues à une combinaison de déficits dans le développement cognitif et d’identification et d’interprétation des émotions comme mentionné précédemment.
Les déficits dans la théorie de l’esprit expliquent en grande partie ce trouble (pour rappel : processus par lequel une personne est capable de comprendre les pensées et les intentions des autres).
A cela viennent s’ajouter les difficultés à reconnaître les signaux non verbaux tels que les expressions faciales et les intonations vocales qui sont utilisés pour exprimer les émotions.
Ces difficultés peuvent entraîner une incapacité à reconnaître ou à réagir à des situations sociales et à des émotions variées.
En soutien, vous pouvez mettre en place dans un premier temps :
- un encouragement régulier à apprendre à reconnaître les expressions faciales et les tonalités de la voix.
- un apprentissage routinier des réactions adaptées à des situations sociales, et une aide à comprendre leurs propres sentiments et émotions (scénarii sociaux et verbalisations)
- des routines et des schémas familiers qui leur permettent de mieux gérer leurs émotions et leurs sentiments.
- des apprentissages pour reconnaître à interpréter les signaux sociaux et les nuances subtiles de la communication.
- une aide à comprendre les liens entre les actions et leurs conséquences.
- multiplier les opportunités d’interagir avec des personnes qui partagent des intérêts et des passions similaires.
- des techniques de gestion du stress et d’autorégulation (sophrologie ou autre)
- des occasions de pratiquer des comportements sociaux et de communication appropriés.
Ne négligez pas pour autant l’intervention d’un professionnel spécialisé ; ces simples conseils sont des prémices / prérequis à un réel travail cognitivo-comportemental !
Les conséquences sur la sexualité :
Difficultés à comprendre le concept de sexualité
On pourrait définir la sexualité comme l’ensemble des comportements, des identités, des pratiques et des désirs sexuels qui sont considérés comme normaux et appropriés selon une culture donnée.
Elle est en partie déterminée par la biologie, mais aussi par les normes sociales et les conditions culturelles. Elle peut inclure des pratiques telles que le sexe, la masturbation, les jeux sexuels et l’utilisation de produits sexuels.
La sexualité peut également être une source de plaisir et de créativité. De plus, elle peut être un moyen d’explorer et de s’exprimer, de se connecter avec les autres et de créer des liens.
Ne pas comprendre à sa juste mesure l’impact de la sexualité ou les conséquences possibles ; peut avoir de lourdes conséquences.
Pourtant il est fréquent dans l’Autisme de discriminer difficilement le sexe d’un individu, de mal percevoir correctement les signaux sociaux, d’interpréter à mauvais escient les intentions des autres, ou encore de ne pas reconnaître efficacement les effets des hormones sexuelles sur le comportement et les sentiments.
Cet ensemble d’incompréhension complique la bonne compréhension de pratique(s) sexuelle(s) adaptée(s) et rendre vulnérable ou initiateur d’abus sexuel
Difficultés à trouver un partenaire
Nous ne revenons pas sur les difficultés évoquées dans les points précédents ; mais il est tout de même important de les garder à l’esprit car sont également en corrélation avec les difficultés à trouver un partenaire sexuel.
À cela viennent s’ajouter les difficultés à comprendre les subtilités des relations intimes ; on peut citer quelques exemples rapides de ces subtilités difficilement accessibles :
– Communication fréquente et honnête : communiquer ouvertement et sincèrement sur les besoins, les préférences, les craintes et les sentiments entre autres est une qualité nécessaire à une relation saine et mutuellement satisfaisante
– Prendre soin de l’autre : essentiel pour maintenir une relation intime, cela peut inclure des petites attentions telles qu’envoyer des messages pour dire que l’on pense à l’autre, offrir de l’aide lorsque nécessaire ou spontanément ; ou encore offrir un cadeau pour une occasion ou pas ; sont des attentions peu fréquemment accessibles (ou tout du moins évidentes) chez les personnes porteuses de TSA.
– Honorer les différences : apprendre à respecter les différences du partenaire et à ne pas juger ; accepter le point de vue de l’autre même et surtout s’il est différent !
– Écouter activement : une autre subtilité des relations intimes est l’écoute active. Écouter activement signifie non seulement entendre ce que votre partenaire dit, mais également comprendre leurs sentiments et leurs besoins et leur montrer que vous les comprenez.
– Faire preuve de respect : toujours montrer du respect envers le partenaire et être conscient de ses sentiments représente là encore une difficulté évidente (de même qu’éviter de critiquer ou de blâmer pour les erreurs)
Les personnes autistes peuvent également avoir des difficultés à reconnaître et à respecter les limites sexuelles des autres (voici quelques exemples) :
- Écouter l’éventuel partenaire en respectant ses souhaits et ses limites, sans le presser ou le forcer à faire des choses qu’il ne voudrait pas faire.
- Rester dans des limites appropriées. Ne pas demander à l’éventuel partenaire de faire quelque chose qui est sexuellement explicite ou inapproprié sans consentement éclairé
- Respecter ses décisions concernant le sexe ; ne pas essayer de le convaincre ou de le manipuler pour qu’il accepte de le faire.
- Ne pas partager des informations ou des images sexuellement explicites sans son consentement.
- Ne pas le harceler ou le menacer de lui envoyer des messages ou des images sexuellement explicites.
- Ne pas le forcer à une relation ni freiner une rupture souhaitée.
Enfin comprendre l’importance des précautions sexuelles et des relations saines, et gérer les émotions et les sentiments nécessite une éducation spécifique, proposée par un professionnel spécialisé au domaine, et demandera un certain temps nécessaire.
Difficultés à établir des relations intimes
Ces difficultés s’expliquent en raison d’un manque de compréhension des subtilités sociales et émotionnelles (exprimer les sentiments et pensées ; manque de compréhension des signaux non verbaux, ce qui peut empêcher de réagir de manière appropriée à des situations sociales ; interpréter les expressions faciales et les intonations de la voix, ce qui peut gêner l’identification des émotions des autres ; comprendre le sens sous-jacent des conversations et des situations sociales, entraînant une mauvaise interprétation ou une interprétation erronée des subtilités sociales et émotionnelles) et d’un manque de confiance en soi issu du sentiment de se sentir dépassé et découragé par ce lot de difficultés. De plus, le fait d’être souvent rejeté ou ignoré par les autres peut donner l’impression d’être jugé comme sans valeur ou incapable de réussir quoi que ce soit.
Là encore, un travail psychologique adapté est plus qu’utile pour surmonter les obstacles perçus.
Difficultés à comprendre le consentement
Nous l’avons déjà vu ; comprendre les nuances et les sous-entendus des conversations n’est pas toujours chose aisée. De plus comprendre le concept de respect de l’autonomie de l’autre (et évaluer ses propres limites) sera complexifié par les défauts des théories de l’esprit.
Ne pas être en mesure de reconnaître les signaux verbaux et non verbaux que quelqu’un donne pour indiquer le consentement ou l’absence de consentement conduira à mal interpréter les limites à ne pas franchir et peut être source de sérieux problèmes !
Comment aborder la sexualité avec une personne autiste ?
